Prenons le temps de vivre

La vitesse est devenue si banale que nous n’en mesurons plus ses conséquences. Notre fin de siècle s’est épris de la vitesse sous toutes ses formes. Tout ce que nous faisons, nous devons le faire toujours plus vite, prendre son temps est devenu péjoratif.

On passe son temps à vouloir gagner du temps, on s’énerve, on fulmine, on s’en gâche la vie .

Pour moi, chercher à aller toujours plus vite est le meilleur moyen de perdre son temps : imaginez-vous à votre volant, en train d’écraser la pédale d’accélérateur pour gagner quelques précieuses secondes pour ne pas louper un feu, pour doubler un gêneur qui respecte la limitation de vitesse, la liste est longue. Vous êtes tellement focalisé sur le temps que vous n’appréciez plus le confort de votre automobile, de la musique que joue votre autoradio, un paysage ou simplement un coucher de soleil. Pourquoi essayer de gagner du temps ? pour faire plus de choses dans sa journée me dira t’on. Mais si c’est pour n’en tirer aucune jouissance, cela ne sert à rien sinon à accumuler encore plus de stress.

Prenons le temps de vivre … et de sourire. Laisser traverser un piéton qui vous gratifie d’un sourire n’est-il pas la meilleure façon de commencer une journée. Le sourire de cet inconnu sera peut être l’unique rayon de soleil d’un jour morose, celui qui vous réchauffera le cœur, alors ne passez pas à côté du meilleur médicament contre le stress, le sourire. Il ne viendra pas creuser le déficit de la Sécurité Sociale ce médicament là, il est on ne peut plus gratuit, mais bien plus efficace que les antidépresseurs que des millions de personnes avalent sans modération.

Prenons le temps de vivre et de regarder. La vitesse réduit notre champ de vision. On passe sans regarder. Notre passage sur la Terre est de courte durée, chaque seconde nous rapproche de la mort, issue fatale que nous nous efforçons d’oublier (nous n’y pouvons rien, notre cerveau fonctionne ainsi, si nous devions penser à chaque instant à notre mort, il nous serait impossible de jouir de la vie). Si nous essayons de trouver dans chaque seconde une raison de se réjouir, cette seconde là sera du temps gagné sur l’ennui, sur le stress, sur le néant qu’est le temps perdu. Les bénévoles qui donnent leur temps ne le perdent pas car une bonne action n’est jamais perdue. Rendre service sans arrière pensée vous fait vous sentir meilleur, et c’est une façon de se sentir bien.

Prenons le temps de vivre et de partager avec les autres. La vitesse a raccourci les distances mais nous a éloigné les uns des autres : chacun dans la bulle hermétique de son véhicule, le monde qui nous intéresse se réduit à cette petite bulle, les autres bulles ne sont là que pour nous gêner, il n’y a plus de gens, rien que des bulles et l’on n’est pas poli entre bulles. Il y a un code de la route mais pas de civilité. Nous partageons pourtant la même route. Rendons nous la vie plus facile (mettre son clignotant, par exemple, peut vous prendre un quart de seconde mais cela fera plaisir à un conducteur qui va connaître vos intentions, cela ne vous vaudra peut être pas un sourire, mais il est toujours possible de l’espérer). L’amabilité au volant est une affaire de bon sens. Avec plus de civilité le transport ne sera plus une corvée.

Pourquoi, me direz-vous, écrire un si long article sur la vitesse, et plus particulièrement sur la vitesse au volant ? Car cela concerne beaucoup d’entre nous. Je suis président d’une association de quartier (Mieux Vivre au Blanc-Four à Roncq http://www.crrai.com/blancfour) et les doléances qui me sont rapportées portent principalement sur l’insécurité et les nuisances sonores causées par les véhicules. Le trafic augmente sans cesse, les poids lourds font trembler les maisons, les mobylettes aux pots d’échappement trafiqués portent sur les nerfs ; s’il est possible de soulager les riverains, n’hésitons pas. En roulant moins vite, vous ferez moins de bruit, vous serez moins dangereux (à 70 km/h votre énergie cinétique est deux fois plus grande qu’à 50km/h, donc à 70 km/h on s’écrase avec deux fois plus de force) et vous ferez par la même occasion moins de malheureux. Respecter les autres c’est se respecter soi-même.

Prenez le temps de vivre et d’être heureux, c’est tout ce que je vous souhaite.

Hervé DIZY - ingénieur conseil en informatique -email :hdizy@nordnet.fr - contact Maison des Associations 59223 RONCQ