Contre les nuisances routières sur l’A 22
Les associations de riverains se constituent en collectif

article paru dans la Voix du Nord du 3 janvier 2001

La perspective des échéances municipales mobilise les riverains de l’A 22. Dernièrement à Roncq, lors d’une réunion publique consacrée aux problème générés par cet axe autoroutier, sept associations de Neuville-en-Ferrain, Tourcoing, Bondues (domaine du Bois d’Achelles), Marcq-en-Baroeul, Villeneuve-d’Ascq, Linselles et Roncq se sont ainsi regroupées au sein d’un collectif contre les nuisances routières.
L’objectif est d'amener chaque liste en lice à intégrer dans son programme la lutte contre l’insécurité routière, les nuisances phoniques et la pollution atmosphérique. Même si les solutions dépassent les compétences des municipalités. Mais, comme l’explique Hervé Dizy, président de Mieux vivre au Blanc-Four, et instigateur de ce mouvement, « une union sacrée parait indispensable sur ce front car il est plus constructif de travailler ensemble à éliminer ces maux de la société que de gaspiller son énergie dans des combats partisans ».
En tout cas, la nouvelle association se veut apolitique, même si son président Hervé Dizy sera sans doute candidat lors du scrutin du 11 mai à Roncq, sur une liste concurrente de « Roncq au coeur », co-organisatrice de cette réunion publique.

de gauche à droite,

M. Legrand, M. Ryckebush, M. Dizy, Mme Grüneissen, M. Delval


Echelle logarithmique
Cette rencontre fut surtout l’occasion d’un échange entre les riverains et trois techniciens de la direction départementale de l’équipement, sur les problèmes inhérents à la circulation sur l’A 22. D’abord sur les nuisances phoniques où apparemment on ne raisonne pas sur la même longueur d’ondes. Les normes de bruit sont fixées à 65 dB le jour et à 60 la nuit. Dans la traversée de Neuville-en-Ferrain, ce ratio est ramené à 60 dB le jour pour tenir compte de l'importance du trafic de camions. Un argument qui parait étrange pour le collectif, car les camions ne se volatilisent pas entre Neuville et Roncq. La proportion de poids lourds décroît, mais le flux s’intensifie entre Roncq et Marcq avec l’apport de voitures de tourisme. « Pourquoi la norme y serait moins contraignante qu’à Neuville » interroge Hervé Dizy, en rappelant qu’en Allemagne, le ration est fixé à 55 dB la nuit. L'application d’une telle mesure en France impliquerait, il est vrai, des investissements colossaux chiffrés en milliards de francs.
Pourtant, 5 dB ce n’est pas rien. Le bruit se mesure sur une échelle logarithmique : + 3 dB correspond à deux fois plus de bruit, + 10 dB à 10 fois ; +20 dB à cent fois.

En matière de protection phonique, la butte de terre collée à l’autoroute constitue l’écran le plus efficace, mais là où manque l’espace, on érige des murs acoustiques d’une hauteur de 2 m. Des installations qui, par un effet parapluie,portent parfois le bruit plus loin et plus haut, amplifié par un phénomène d’écho. Jusqu’à 500 m, mais comme on reste en dessous de la norme de 65 dB...


Le cas échéant, elles ne servent à rien parce qu’elles ne sont pas assez hautes, comme sur le pont qui enjambe la voie ferrée au Pied-de-Boeuf. Pour cause de prise au vent, la palissade ne mesure que 130 centimètres, et pour le riverain concerné, elle préserve juste son intimité : les automobilistes n’ont plus de vue plongeante sur son jardin. Quant aux poids lourds...


Proximité des échangeurs
Autre cheval de bataille, la vitesse. Plus on roule vite, plus le moteur génère du bruit et plus le bruit de roulement s'amplifie. D’autant que la chaussée de l’A 22 est recouverte d’un enrobé dit clouté qui offre une meilleure adhérence mais qui provoque un bruit de roulement plus important qu’un revêtement anti-pluie. Pourquoi ne pas réduire la vitesse et instaurer l’interdiction de doubler pour les poids-lourds, comme en Belgique où ces mesures se sont traduites par une diminution des accidents ? Les limitations de vitesse existent déjà, ont répondu les techniciens de la DDE ; quant à l’interdiction de dépassement, la proximité des échangeurs rend impossible ces aménagements.


Pourtant, du côté du collectif, on reste persuadé que ces manoeuvres de dépassement provoquent des à-coups dans le flux de circulation, suscitant un « effet domino » qui peut amener au blocage du trafic.
Un trafic qui reste dense sur l’A 22 malgré l’ouverture d’un itinéraire de délestage ou de contournement par l’E 17. Après une baisse sensible, on est revenu au niveau de juin 1999... La DDE travaille actuellement en coordination avec les services wallons et flamands à l’élaboration d’un système signalétique notamment constitué de panneaux à images variables (comme sur le périphérique parisien) qui avertissent les chauffeurs en amont des bouchons.


Ce dispositif, dont l’installation commencera fin 2002, devrait rediriger le trafic sur l’E 17... Voila qui devrait réduire les flux de circulation sur l’A 22, qui restera pour quelque temps encore au gabarit de 2x2 voies. Son élargissement n’est envisagé ni à court ni à moyen terme.
L. K.  (Voix du Nord)

Compte Rendu de la réunion du 19 décembre 2000 à RONCQ