La perspective des échéances municipales mobilise les
riverains de l’A 22. Dernièrement à Roncq, lors d’une réunion
publique consacrée aux problème générés par cet axe autoroutier, sept
associations de Neuville-en-Ferrain, Tourcoing, Bondues (domaine du Bois
d’Achelles), Marcq-en-Baroeul, Villeneuve-d’Ascq, Linselles et Roncq
se sont ainsi regroupées au sein d’un collectif contre les nuisances
routières.
L’objectif est d'amener chaque liste en lice à intégrer dans son
programme la lutte contre l’insécurité routière, les nuisances
phoniques et la pollution atmosphérique. Même si les solutions dépassent
les compétences des municipalités. Mais, comme l’explique Hervé Dizy,
président de Mieux vivre au Blanc-Four, et instigateur de ce mouvement,
« une union sacrée parait indispensable sur ce front car il est plus
constructif de travailler ensemble à éliminer ces maux de la société
que de gaspiller son énergie dans des combats partisans ».
En tout cas, la nouvelle association se veut apolitique, même si son président
Hervé Dizy sera sans doute candidat lors du scrutin du 11 mai à Roncq,
sur une liste concurrente de « Roncq au coeur », co-organisatrice de
cette réunion publique.
Echelle
logarithmique
Cette
rencontre fut surtout l’occasion d’un échange entre les riverains et
trois techniciens de la direction départementale de l’équipement, sur
les problèmes inhérents à la circulation sur l’A 22. D’abord sur
les nuisances phoniques où apparemment on ne raisonne pas sur la même
longueur d’ondes. Les normes de bruit sont fixées à 65 dB le jour et
à 60 la nuit. Dans la traversée de Neuville-en-Ferrain, ce ratio est
ramené à 60 dB le jour pour tenir compte de l'importance du trafic de
camions. Un argument qui parait étrange pour le collectif, car les
camions ne se volatilisent pas entre Neuville et Roncq. La proportion de
poids lourds décroît, mais le flux s’intensifie entre Roncq et Marcq
avec l’apport de voitures de tourisme. « Pourquoi la norme y serait
moins contraignante qu’à Neuville » interroge Hervé Dizy, en
rappelant qu’en Allemagne, le ration est fixé à 55 dB la nuit.
L'application d’une telle mesure en France impliquerait, il est vrai,
des investissements colossaux chiffrés en milliards de francs.
Pourtant, 5 dB ce n’est pas rien. Le bruit se mesure sur une échelle
logarithmique : + 3 dB correspond à deux fois plus de bruit, + 10 dB à
10 fois ; +20 dB à cent fois.
En
matière de protection phonique, la butte de terre collée à
l’autoroute constitue l’écran le plus efficace, mais là où manque
l’espace, on érige des murs acoustiques d’une hauteur de 2 m. Des
installations qui, par un effet parapluie,portent parfois le bruit plus
loin et plus haut, amplifié par un phénomène d’écho. Jusqu’à 500
m, mais comme on reste en dessous de la norme de 65 dB...
Le cas échéant, elles ne servent à rien parce qu’elles ne sont pas
assez hautes, comme sur le pont qui enjambe la voie ferrée au
Pied-de-Boeuf. Pour cause de prise au vent, la palissade ne mesure que 130
centimètres, et pour le riverain concerné, elle préserve juste son
intimité : les automobilistes n’ont plus de vue plongeante sur son
jardin. Quant aux poids lourds...
Proximité
des échangeurs
Autre cheval
de bataille, la vitesse. Plus on roule vite, plus le moteur génère du
bruit et plus le bruit de roulement s'amplifie. D’autant que la chaussée
de l’A 22 est recouverte d’un enrobé dit clouté qui offre une
meilleure adhérence mais qui provoque un bruit de roulement plus
important qu’un revêtement anti-pluie. Pourquoi ne pas réduire la
vitesse et instaurer l’interdiction de doubler pour les poids-lourds,
comme en Belgique où ces mesures se sont traduites par une diminution des
accidents ? Les limitations de vitesse existent déjà, ont répondu les
techniciens de la DDE ; quant à l’interdiction de dépassement, la
proximité des échangeurs rend impossible ces aménagements.
Pourtant, du côté du collectif, on reste persuadé que ces manoeuvres de
dépassement provoquent des à-coups dans le flux de circulation,
suscitant un « effet domino » qui peut amener au blocage du trafic.
Un trafic qui reste dense sur l’A 22 malgré l’ouverture d’un itinéraire
de délestage ou de contournement par l’E 17. Après une baisse
sensible, on est revenu au niveau de juin 1999... La DDE travaille
actuellement en coordination avec les services wallons et flamands à l’élaboration
d’un système signalétique notamment constitué de panneaux à images
variables (comme sur le périphérique parisien) qui avertissent les
chauffeurs en amont des bouchons.
Ce dispositif, dont l’installation commencera fin 2002, devrait
rediriger le trafic sur l’E 17... Voila qui devrait réduire les flux de
circulation sur l’A 22, qui restera pour quelque temps encore au gabarit
de 2x2 voies. Son élargissement n’est envisagé ni à court ni à moyen
terme.
L. K. (Voix du Nord)
Compte Rendu de la réunion du 19 décembre 2000 à RONCQ