Il faut détourner les poids lourds qui n'ont rien à faire dans la métropole

Le long de l'A22, au côté du Bois d'Achelles* à Bondues, une butte anti-bruit a été élevée en 2002. Le résultat a été plus que mitigé car, si les riverains à moins de 75 m de l'A22 ont senti amélioration, les personnes résidant au delà on perçu une nette dégradation. Le bruit n'est pas comme de l'eau que l'on peut endiguer, il s'échappe et rebondit avec des phénomènes d'échos. Qu'on parvienne à le dévier et il vous revient s'il trouve un mur pour le réfléchir.

Pour parvenir à un meilleur résultat, ce n'est pas une butte (qui finit même par s'affaisser d'1 à 2 mètres), ce sont des murs situés de chaque côté de la voie et au centre de celles-ci. Les bruits de moteurs et de roulement sont alors prisonniers dans les couloirs de circulation et rebondissent (comme dans le célèbre et antique jeu vidéo de ping-pong sur chaque paroi) en s'atténuant à chaque fois. La paroi centrale est donc importante puisqu'elle évite la diffusion du bruit avec un angle faible de l'autre côté de la chaussée.

Le schéma est très grossier mais il vise à montrer l'incidence du mur central. Plus le son sera dévié haut, moins il lui sera possible de rebondir pour revenir en écho.

Il n'est pas possible d'évaluer mathématiquement sans prendre en compte une foule de paramètres locaux (déclivité, disposition des maisons, matériaux utilisés pour confectionner les murs, etc.

La solution: réduire le bruit à la source

Si les écrans phoniques ont leur utilité, ils ne font que masquer le problème de fond: le transport routier. De plus les murs n'arrête pas la pollution atmosphérique et n'empêchent pas les accidents toujours plus graves quand les poids lourds sont impliqués .

Ce sont les poids lourds qui se font les plus bruyants mais nous ne pouvons pas nous en passer, sans eux toute l'économie s'arrête car la consommation serait extrêmement réduite sans les transports de porte à porte. La majorité des transports concernent nos besoins de consommateurs. Là où le bât blesse, c'est que des transports internationaux empruntent les voies qui traversent la métropole sans s'y arrêter parce que c'est plus court de traverser que de contourner.

Avec l’aide du député de l'époque, Patrick Delnatte, nous avons réussi à faire baisser la vitesse de 130 à 110 km/h sur l'A22, les bruits des moteurs et des roulements augmentent avec la vitesse. Nous n'avons pas réussi à obtenir l’interdiction de doubler pour les camions (cette interdiction aurait gêné les camions et ceux qui n'avaient rien à faire dans la métropole auraient pris la voie de contournement pour ne pas être ralentis).

En décembre 2006, suite aux accidents impliquant des poids lourds sur la voie rapide urbaine de Lille, le préfet a pris un arrêté pour interdire le trafic de poids lourds traversant la métropole du Sud vers le Nord. Dans l'autre sens, c'est plus problématique car c'est la région flamande qui devrait dévier le trafic du Nord vers le Sud à partir de Courtrai pour le mener dans la région Wallonne à Tournai pour rejoindre le Sud de Lille par Villeneuve d'Ascq. C'est d'autant moins simple qu'avec le dossier A24 où les pouvoirs publics français ont décidé unilatéralement de faire passer l'A24 sur la RN58 belge (Pont du Badou vers Menin), les autorités flamandes (dont Yves Leterme) ont été offusquées par la méthode plutôt cavalière des Français.

Le centre de transport de Mouscron

Cette ville wallonne de l'autre côté de la frontière par rapport à Tourcoing et Neuville en Ferrain dispose d'un centre de transport de ferroutage presque inutile.

Pourquoi ne pas utiliser la réserve d'infrastructure de l'A24 (qui s'arrête à Roncq) pour relier Mouscron à Lomme (ou le MIN périclite au niveau ferroviaire) et à Delta 3 à Dourges?

En faisant passer cette ligne ferroviaire par Halluin, les déchets destinés au Centre de Valorisation Energétique et les mâchefers qui en sortent nécessiteraient moins de camions.  

La lutte contre le bruit routier passe par le chemin de fer car réduire le trafic routier est la meilleure façon de réduire le bruit: il faut réduire le bruit à sa source, c'est plus efficace et pertinent que de s'en tenir à des murs antibruits. Faire l'A24 c'est dépenser plus d'1.000.000.000 d'euros pour obtenir en 2015-2016 une autoroute au moment où le pétrole sera encore plus rare et cher qu'aujourd'hui. Investissons plutôt dans le ferroviaire. On pourrait même imaginer que nos amis belges et hollandais lors de leurs migrations estivales puissent déposer voitures et caravanes à Mouscron sur un train pour se retrouver de l'autre côté de la France en évitant tous les embouteillages et la fatigue de la route. Moins de pollution, moins de bruit, moins d'accidents.

Hervé Dizy

Président de la Ligue Contre la Violence Routière - 59-62

*Bois d'Achelles

Quand les promoteurs voulurent bâtir sur  ce terrain, ils demandèrent à Pierre Lerouge, fermier tout proche, quel nom historique pourrait-on donner à ce lieu. "Oh! dit-il, il ne s'y est jamais rien passé, j'ai  toujours connu là un petit bois d'archelles. Les bâtisseurs ne connaissaient au patois du coin (bois de peu de valeur). Ils ont trouvé le mot archelle trop dur en firent "achelle".