Le maire de La Bassée, Philippe Waymel a déclaré au conseil municipal
«L’A 24, il est de notre devoir de dire stop»
C'est à force d'assister aux réunions auxquelles il a assisté menée qu'il s'est
rendu à cette évidence, le dossier s'épaissit chaque jour mais les opinions se
forgent. «Comme on dit tout et n’importe quoi sur l’A
24, j’ai assisté à toutes les réunions. Et je me suis rendu compte qu’il faut
vraiment faire attention à cette autoroute.»
Il se sent pris comme un poisson dans la nasse, à Quesnoy sur Deûle, le maire se plaint des tracés saumons, Philippe Waymel se sent comme le saumon prisonnier dans les filets que l'on tend sur son territoire. En regardant la carte des tracés, il s'exclame : «J’ai vraiment l’impression qu’on a jeté un filet chez nous. On est en plein dedans.» Les mailles du filets sont serrées et le produit de la pêche ne sera pas pour les riverains car l'autoroute ne desservira pas la commune puisqu'il n'y aura pas d'accès prévu. C'est le constat que l'on fait presque partout.
Ainsi le maire constate amèrement: «Autoroute de transit et à péage, les échangeurs seront limités. Elle n’apportera aucune solution pour la circulation urbaine métropolitaine. Elle n’aura aucune influence bénéfique quant aux dessertes locales. Ce sera une “camion route” qui amènera au contraire une augmentation du trafic!».
Il rappelle la fameuse citation de Saint-Exupéry, auteur du Petit Prince.
«Nous n’héritons
pas de la terre de nos ancêtres mais nous empruntons celle de nos enfants.
L’A24 aura des répercussions négatives sur
l’environnement sur des secteurs protégés à ce jour et considérés comme le
poumon vert du sud-ouest de la métropole. Pensons à l’agriculture. À la nappe
phréatique. À l’augmentation de la pollution!»
Selon Philippe Waymel, il y a d’autres alternatives qui doivent être étudiées
comme les 2 fois 3 voies de l’A 25 à partir de Nieppe, le canal Seine-Nord et le
ferroutage.
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L'opposition n'a pas suivi le maire pour voter une motion d’opposition catégorique et définitive à tout projet d’A 24, qui sera envoyée au préfet de Région. Guy Benifel a prétexté ne pas en savoir assez pour se faire une opinion, qu'à cela ne tienne, le maire convie les habitants, le mardi 21mars, à une réunion d’information en présence de Jean-Louis Hélary, directeur régional et départemental de l’équipement. «Ce ne sera pas la peine de l’insulter. Comme cela a été le cas à Radinghem, a prévenu Philippe Waymel. Il faudra l’écouter. Après, on verra ce qu’on fera.»
Réunion du 21 mars à la Bassée
note: j'ai ajouté quelques commentaires
(en vert) en marge des propos tenus par M. Hélary
Environ trois cents personnes, pas sassez pour remplir la salle de sport
réservée pour l'occasion par le maire pour accueillir un débat contradictoire
avec J L Hélary, directeur régional de l’Équipement,
qui s'est déplacé pour l'occasion malgré l'hostilité ambiante face à
l'autoroute et sa propre personne: bon nombre de témoins de ses interventions
l'ont jugé méprisant, le terme de populace n'a tujopurs pas été digéré. Il
commence par «Je suis mandaté par le préfet pour présenter la situation, et
répondre à vos questions». Il rappelle que des réunions de concertation avec
la population sont programmées dans le Nord - Pas-de-Calais à partir du mois
d'avril, la première se tiendra à Béthune le 13 avril.
C'est la classique présentation des fuseaux. «Nous
en sommes au choix des fuseaux. Nous allons ensuite réduire la bande retenue de
1000 à 300m en fonction des contraintes techniques notamment. Tout ceci
repoussera l’enquête publique à 2008». Il ajoute que c'est à ce
moment seulement ou éventuellement juste après la déclaration d’utilité publique
(DUP), par un recours administratif, que vous pourrez contester le projet.
«Le but de cette première phase est de choisir un
fuseau parmi quatre familles». Dominique Perben, son ministre de
tutelle, s'est clairement prononcé pour le tracé dit du Pont du Badou, «au
final 150 communes seront directement touchées contre 455 aujourd’hui par la
somme des options possibles.»
Note: Comme je le
dénonçais le 31 janvier à Lille, le but du gouvernement est de diviser pour
régner. En multipliant les tracés il a certes créé beaucoup de mécontents mais
ce sera au final une majorité de satisfaits plus grande. Ici le représentant de
l'Etat fait un aveu de la stratégie employée pour mettre en minorité les
malheureux qui se trouvent sur le tracé retenu.
Choix du tracé. «S’il
ne fallait retenir qu’une seule raison pour construire cette autoroute, c’est
que la région ne dispose pas de maillage autoroutier nord-sud, alors qu’on a
trois axes est-ouest. Actuellement si l’A1 est bloquée tout est bloqué.»
Transit nord-sud: «Les
camions venant de Paris pour se rendre en Belgique sans s’arrêter représentent
un poids moins important que ce que l’on imagine. Sur l’A1 au niveau de Ronchin,
la moyenne est de 20000 camions par jour pour un total de 150000 véhicules.L’A24
devrait en capter 10000."
Note: Là où le bats blesse est que s'il y a des arrêts dans la métropole Lilloise ce n'est pas seulement pour la consommation ou la transformation, c'est parce que la politique de flux tendu met les stocks des entreprises sur les routes et qu'il faut pour cette occasion créer des lieux de stockage temporaire. Il faut aussi rappeler que 30% du volume de la plateforme multimodale Dourges provient de Belgique car il n'est pas possible de constituer un train dans ce pays pour le faire traverser la frontière à cause des normes de signalisation différentes entre les deux pays. Le fait est aussi que plus on crée de route, plus on facilite le transport routier, plus les transports se multiplient. cela ne résout pas le fait que nous dépensons 10% de notre PIB à compenser les coûts externes du transport. Jusqu'à quand supporterons nous ce poids économique qui profite surtout à une minorité mais qui accable la santé d'une majorité?
Ce sont environ une cinquantaine de questions qui se voulaient plus dérangeantes les unes que les autres qui ont été posées par des militants d’associations ou d’organismes. En premier lieu «Est-ce que le projet se fera en cas de changement de gouvernement?» qui fait se retrancher le directeur de l'équipement derrière son droit de réserve, la question étant trop politique.
La question du péage?
«Ce n’est pas exclu ».
Les Belges.- Que se passerait-il si les Belges refusaient l’A 24? "Cela remettrait le projet en question" doit admettre J L Hélary. «Mais nous travaillons avec les différentes instances de ce pays, qui veut surtout une liaison entre Poperinge et Steenvoorde pour accéder par l’A 25 au Tunnel sous la Manche. Une étude cofinancée par les deux pays est même en cours de lancement" ce qui est un nouvel élément au dossier. L'A24, rappelons le a été présenté comme le chaînon manquant Nord Sud de la Norvège à la péninsule ibérique selon le rêve de Bruno Bonduelle, ce qui excluait les tracés à l'Ouest.
Le tout routier.- Robert Trouvilliez
de Nord Nature repose la question de l'utilité de l'A24 quand le sentiment
général est de favoriser le transport ferroviaire. Réponse pragmatique du
technicien: «Le transport ne se résume pas aux
infrastructures, c’est du service. Le ferroutage demande aux entreprises de
s’adapter. À moins de décisions politiques sur le plan de l’Europe tout entière,
sa part de marché évoluera très lentement. Pour le moment, seule la Suisse a
imposé de mettre des camions sur des trains». Réponse plus
qu'embarrassée à Annie Lebas de Logies Campagne dont la ville se trouve sur les
tracés de trois liaisons à grande vitesse: L'A24, le contournement de La
Bassée, la liaison La Bassée Béthune!
L’eau.- J.-L. Wattez de Lestrem Environnement, vice-président du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de la Lys (SAGE) était davantage préoccupé par les champs captants des collines de l’Artois qui alimente Violaines et Givenchy qui accuse la négligence de la DRE: «Vous confondez protection des captages et préservation de la nappe?». Le directeur de la DRE admet ici aussi que «les techniciens ont effectivement détecté des secteurs sensibles. Mais il existe des solutions techniques qui permettent de respecter les contraintes légales (comme l'évacuation étanche des eaux et l'interdiction de construction de stations services essences pour les carburants)".
Les maires des Weppes: Mme A.Lung de Aubers,Mr Huchette de
Fromelles,Mr Delepaul de Bois Grenier,Mr Wacrenier de Radinghem
Canal Seine-Nord: «S’il est important de réaliser le canal, VNF estime que dans le meilleur des cas, il absorbera l’équivalent de 2000 camions par jour, dont 1000 empruntant actuellement l’A1.»
note:
M. Jacques Muttez, chargé de mission de la FNTR, a déjà
des réponses à ce sujet.
1) la mise en eau du canal va consommer énormément d'eau
(j'ajoute personnellement que cette eau sera rapidement
polluée car certains se permettent de jeter n'importe quoi dans les voies d'eau,
mon expérience de vice-président du syndicat intercommunal de la Becque la
Neuville sur le secteur de Tourcoing m'a fait faire ce triste constat)
2) le fret ferroviaire comme la voie d'eau repose
sur le principe de la massification des flux contrairement à la route qui prend
et dépose n'importe quelles quantités. La voie d'eau va donc prendre du fret au
rail, pas à la route.
Mr Delepaul maire de Bois
Grenier interpelle M. Hélary
Escroquerie intellectuelle - la tension a
atteint son maximum lors de l’intervention des maires de la communauté de
communes de Weppes (Radinghem, Fromelles, Bois-Grenier, Le Maisnil, Aubert) qui
ont pris la décision de participer à toutes les réunions concernant l’A 24. Le
président intercommunal M. Delepaul pose la question des bénéfices pour la
population: «Parler d’une autoroute sans évoquer les
échangeurs est une escroquerie intellectuelle ». Pas de réponse de
l'intéressé visiblement offusqué par cette tirade! Le micro fait les frais de
son agacement quand il est claqué sur la table.
Hystérie collective?
C'est une surprise pour J L Hélary «Je n’ai
jamais vu une telle passion lors de réunion d’information, je
le ferai figurer dans le rapport au préfet». La
mobilisation a donc atteint son but malgré le "côté prématuré" dénoncé par le
représentant de l'Etat.
Photos mairie de La Bassée et Jean Marie Delorge