Réponse de l'AREMA à l'Automobile Club affirmant que l'automobile n'est pas coupable de la pollution atmosphérique. Paru dans Nord Eclair le 26/09/2002

Auto non coupable mais responsable ?

Dans notre édition de mardi, prêchant pour leur chapelle, les responsables de l'Automobile-Club
du Nord de la France signalaient que, depuis 1995, dans le ciel de la métropole, la pollution atmosphérique par le plomb avait régressé de 80 %, par le dioxyde de soufre de 58 %,par le monoxyde de carbone de 51 %, par les particules de 35 %. Et ce, alors que le parc automobile progresse d'année en
année. De là à conclure qu'il faut rouler en voiture pour purifier l'air...
A l'AREMA Lille Métropole, dont les analyses de l'air ont servi de référence au bilan de l'Automobile-
Club, on ne partage pas tout à fait ce point de vue optimiste, même si on ne conteste pas la véracité
des chiffres avancés.
Des valeurs limites dépassées Isabelle  Sagnier,  de l'AREMA, considère ainsi que si les améliorations
techniques des moteurs ont contribué à la diminution significative de certaines émanations polluantes, le dioxyde de carbone (le fameux CO2 à l'origine de l'effet de serre) progresse, de même que le dioxyde d'azote en augmentation en 2000, 2001 et 2002 (les valeurs limites horaires et annuelles sont dépassées sur plusieurs stations d'analyse).
« Sur la métropole lilloise, 75 % du monoxyde de carbone, du monoxyde d'azote et des oxydes d'azote sont produits par les transports. Les progrès réalisés sur les moteurs sont gommés par l'augmentation du trafic et par une utilisation de la voiture à vitesse réduite sur de courts trajets. De sérieux efforts restent à consentir pour respecter les valeurs limites de protection de la santé humaine applicables en
2010 (actuellement dépassées dans cinq des dix-neuf stations d'analyse de l'air) », lit-on ainsi dans le
rapport de l'AREMA de mai-juin.
23km/h de moyenne...
Le pot catalytique qui permet de réduire les émanations de certains polluants aurait même tendance à
faire progresser le taux de CO2. Il faut également considérer que la vitesse moyenne sur la métropole
n'est que de 23 km/h, que les émissions de polluants sont plus importantes en deçà de 30 km/h et au-delà
de 80 km/h.
Il faut également considérer que, entre 1987 et 1998, les déplacements en voiture ont progressé de
près de 34 % et que l'on estime que le parc automobile régional devrait augmenter de 35 % d'ici 2010
pour comprendre que, n'en déplaise à l'ACNF, nos poumons ont encore bien du souci à se faire...
 

Notes de Hervé Dizy:
Il est possible de justifier ce que l'on veut en utilisant certaines données et en prenant bien soin de pas révéler ce qui peut nuire à son discours. Voltaire nous l'a magnifiquement montré dans ses oeuvres. Ainsi l'Automobile Club est prise en flagrant délit de manipulation des opinions. Si la pollution a régressé dans la métropole c'est parce que les industries polluantes sont parties ailleurs. La pollution est moins soufrée mais plus azotée (rapport parlementaire «Villes : un air trompeur» par Annette Peulvast Bergeal ), la faute aux moteurs à combustion des automobiles et des camions. L'Automobile Club a perdu une occasion de se taire! S'il est un message qu'il faut faire passer c'est celui du changement de comportement. Une conduite agressive fait consommer 30% de plus, c'est autant de pollution supplémentaire et d'accidents stupides que l'on pourrait éviter. Certains citent la propreté future des moteurs mais nous ne devrions pas attendre passivement le progrès, prenons nous nous-même en charge.