DEPARTEMENT DU NORD

               ----------                                                                Le Maisnil, le 16 Mars 2005

     Arrondissement du Nord

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         Canton de Lomme

Zone de Texte:

 

                                                                                              Monsieur le Maire

 

                                                                                              à

                                                                                              Monsieur M. Ph. DAUBRESSE

                                                                                              Vice-Président de LMCU

                                                                                              1 rue du Ballon

              COMMUNE                                                                                   59000 LILLE

                     DE                                                                                            

          LE MAISNIL                                            

            4 rue de l’Eglise

            59134 - Le Maisnil                                                            

          Tel: 03 20 50 24 11                                                                               

            Fax: 03 20 50 37 04                                                            

De 8h30 à 12h00 du lundi au samedi                                                                  

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 

Lors de la réunion de ce 15/03/06 organisée à l’initiative de Monsieur R. LEFEBVRE, Maire de Quesnoy-sur-Deûle, vous avez montré votre détermination à voir retirer de la carte des études préliminaires fournies par les services de la D.R.E. le 19 Janvier 2006 à Amiens, l’ensemble des variantes ajoutées de façon anarchique et ne figurant sur aucun document d’urbanisme en vigueur à ce jour.

 

Par respect de la volonté du Maire de Quesnoy-sur-Deûle, je n’ai pas voulu intervenir lors des débats afin de laisser les Quesnoisiens s’exprimer sur les problèmes concernant leur ville.

 

Il n’en reste pas moins que j’ai accueilli une partie de vos propos avec satisfaction, tout en restant convaincu de l’inutilité, dans la métropole lilloise, de l’autoroute A 24. Cet équipement a toujours été   décrit comme une liaison de transit, comme un délestage de l’A 1 (ce qui reste à démontrer), comme un axe Nord-Sud indispensable pour le trafic international et non pas comme une desserte locale de la métropole. Je reviendrai plus loin sur les raisons qui dictent mon avis.

 

Je me permets de solliciter votre aide et votre intervention pour que toutes les variantes ajoutées en plus du tracé historique, soient retirées le plus rapidement possible, et ce de la façon la plus officielle possible. Cela redonnera à nos P.LU. communaux la couleur initiale envisagée par nos Conseils Municipaux. Nous avons façonné le développement de nos villages en fonction du tracé historique, véritable épée de Damoclès au dessus de nos têtes depuis 35 ans. Les nouvelles variantes apparues début 2006, touchent directement nos zones d’urbanisation future.

 

Après deux années de travail (2003-2005), nous avons soumis et approuvé notre P.L.U. le 16 Juillet 2005. Nous avons engagé dès Septembre 2005 un projet de lotissement, le permis de lotir ayant été validé par la D.D.E. Notre unique zone d’extension urbaine sur laquelle doit se faire ce lotissement, est directement impactée par une des variantes dites « pont du Badou ». Tout début 2006, venant d’apprendre l’existence des variantes imaginées par la D.R.E. (apprenant par mes administrés que des cartes officieuses des tracés étaient disponibles sur internet !), vous comprendrez que j’ai hésité à signer ce permis de lotir. Les futurs propriétaires risquent, un jour peut-être, de compter les camions et les voitures empruntant l’A 24 à 500 m en contrebas de leurs habitations !  Je l’ai quand même signé le 16 Janvier 2006 car, comme vous l’avez fait remarquer, il faut savoir assumer les choix pris en tant qu’Elu. Néanmoins, permettez-moi de vous dire que l’Etat a bafoué le travail fait pour l’élaboration de notre P.L.U., a mis en péril le développement de notre commune, a entraîné des situations dramatiques pour nos administrés ayant fait construire ou acheté leur propriété dans un secteur où aucune infrastructure routière n’était programmée à moyen, court ou long terme. Nous avons le sentiment justifié que l’Etat se moque des Français et des Elus de base.

 

Si vous avez le sentiment que le tracé historique n’est plus adapté à l’état actuel de l’urbanisation de  votre secteur, permettez-moi de vous dire qu’il en est de même sur l’ensemble de ce tracé historique, vieux de 35 ans et qui n’a jamais fait l’objet d’évolution, hypothéquant même les développements urbains et économiques harmonieux de nos villages. Ce tracé historique n’est qu’une verrue ancrée depuis trop longtemps et il est grand temps d’en faire l’ablation, ce que vous demandez sur votre secteur.

 

Quand la D.R.E. avance par deux fois, à Amiens le 19 janvier 2006 et à Radinghem-en-Weppes le 7 février 2006, que le raccordement de l’A 24 à l’A 22 pose des problèmes de pollution et des risques pour la santé des habitants du secteur Verlinghem – Bondues - Roncq, c’est une fois de plus se moquer du monde ! Qu’en est-il pour les populations de la zone La Bassée - les Weppes, fortement urbanisée, si l’A 24 passait dans notre territoire, elle aussi ? L’argument avancé par deux fois par les services de la D.R.E. est quand même très fort … pour ne pas accepter ici ce que d’autres rejettent catégoriquement là !

 

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si nous avons la possibilité d’attaquer la responsabilité de l’Etat pour la multitude de variantes inscrites sur un fond de carte datant de trente ans, ne figurant sur aucun document d’urbanisme à quelque échelle que ce soit …et n’ayant abouti qu’à mettre la zizanie dans nos territoires et à nous placer dans une position plus qu’inconfortable.

 

L’Etat et ses services ont réussi sur toute la ligne !

 

Comment concevoir que l’on défende, en tant qu’Elu, une partie de notre territoire contre l’A 24, au motif que le tracé n’était pas prévu, et dans le même temps qu’on abandonne une autre partie au motif qu’un tracé vieux de 35 ans figure sur des anciennes cartes ? S’il n’y avait pas eu toutes ces variantes, nous aurions peut-être pu faire admettre plus facilement l’idée que l’autoroute devait passer par le tracé historique. Il est maintenant trop tard. L’A 24, plus personne n’est prêt à l’accepter chez lui.

 

La méthode employée est pour le moins maladroite, l’Etat a jeté l’huile sur le feu et la détermination de très nombreuses communes entre Béthune et la Belgique à ne pas vouloir de cette autoroute va peser dans la décision finale.

Nombre d’élus du Nord et du Pas de Calais, toutes tendances confondues, passent de classiques positions NIMBY à des positions « non à l’A 24 ». Un collectif d’élus se dessine, sous la pression des populations et des collectifs citoyens. L’A 24 jouera un rôle central dans les élections locales prévues en 2008, et même aux législatives de 2007, dans les circonscriptions concernées.

 

A l’heure du développement durable, thème sur lequel nombre de partis politiques se targuent de travailler d’arrache-pied, des accords de Kyoto, de l’approche de la pénurie de pétrole, des problèmes  graves de pollutions atmosphériques, de la conférence de Johannesburg, de la charte de l’environnement dans la constitution, il est sans doute temps de voir les choses différemment.

 

Le retard pris dans la métropole lilloise (8% de transports en commun par rapport aux 15% pour les métropoles de même taille, ce qui est noté dans le S.D.D.U.) et les conséquences en matière de déplacements urbains, ne seront pas résolus, même partiellement, par la création de l’A 24. Au contraire, cela ramènera un peu plus de flux sur la métropole, laissant les bouchons du matin et du soir se pérenniser. Les aménagements prévus de l’A 25 à deux fois trois voies, des nationales et des départementales de la métropole lilloise devraient faire l’objet d’une attention plus soutenue et d’une mise en place de la réalisation des travaux nécessaires en priorité absolue par rapport à ce projet d’autoroute.

 

Permettez-moi de douter de l’effet bénéfique de l’A 24 pour délester l’A 1. Monsieur Helary, lors de notre entretien du 27 janvier 2006 dans son bureau, a répondu à cette interrogation en nous disant que des mesures incitatives seraient prises pour obliger les camions à emprunter l’A 24 plutôt que l’A 1 + Lille + l’A 22 pour se rendre en Belgique. Aujourd’hui, l’A 26 est peu fréquentée par les poids lourds et l’Etat pourrait, dès à présent, prendre ces mesures incitatives (elles n’ont pas été précisées !) pour que les camions empruntent l’A 26 et l’A 16 pour se rendre à Calais ou à Dunkerque plutôt que de remonter par l’A 1 jusqu’à Lille, prendre le périphérique sud, l’A 25 et l’A 16. Nous pourrions mesurer l’impact significatif que cela engendrerait sur le nombre de poids lourds ne passant plus par Lille. Mais les transporteurs utilisent les voies les moins coûteuses, sachant que le péage de l’A 26 leur revient plus cher que le gas-oil consommé en plus, du fait du détour par Lille.

 

Bien d’autres raisons de s’opposer à l’autoroute existent et je ne pense pas que tous les arguments annoncés en faveur de l’A 24 soient parfaitement justifiés, allant même jusqu’à vous dire que les chiffres avancés ici et là par les uns et les autres, varient de façon plus que surprenante.

 

Je reste bien évidemment ouvert à toute discussion si vous le souhaitez et me tiens à votre disposition pour en reparler. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes respectueuses salutations.

 

 

 

                                                                                  Le Maire :

 

                                                                                  M. BORREWATER

Intervention publique du 7 février en mairie de Le Maisnil
Delibération du conseil municipal du 27 mars 2006 de Le Maisnil