Olivier Henno estime l'A24 « à contre sens » (le 9/02/06)
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Olivier Henno, conseiller général,
maire de Saint André
Le débat sur l’A24 semble à présent se réduire à une guerre des tracés.
Les arguments avancés par les représentants des territoires concernés par l’un des 4 fuseaux peuvent se résumer par cette formule : « chez moi, ce n’est pas possible, faisons plutôt passer l’autoroute chez mon voisin... ».
N’est-il pas temps de prendre un peu de hauteur et de réviser nos schémas ?
Depuis avril 2003, le prix du baril de pétrole a augmenté de 250%. Il est passé de 25$ à plus de 60$, approchant parfois les 70$.
Tous les économistes nous disent que ce n’est qu’un début et que le développement de la Chine (1,4 milliard d’habitants) et de l’Inde (1 milliard d’habitants), économies extrêmement dépendantes du pétrole, va accroître la flambée des prix, voire déboucher sur la pénurie.
N’est-il pas temps d’anticiper et de préparer l’économie française et européenne à « l’après pétrole » ?
En 10 ans, les conditions économiques ont complètement changé.
Voilà pourquoi après réflexion, il faut reconnaître que l’autoroute A 24, ex A 1bis, projet réalisable compte tenu des recours potentiels au plus tôt en 2020, est en réalité un projet des années 70, devenu complètement obsolète.
Un projet consommateur de béton, de bitume et de gasoil pour un trafic oscillant entre 2500 et 10 000 véhicules par jour, et soulageant finalement ni le trafic de l’A 1, ni celui de la rocade Nord Ouest, a perdu tout son sens.
Ayons le courage de renoncer à la facilité de la réponse immédiate, de faire un autre choix, et de nous projeter vers l’avenir.
La
liaison entre les ports de l’Europe du Nord et ceux de l’Océan Atlantique pourra
bientôt se faire grâce à des BGV (Bateaux à Grande Vitesse).
Le
futur canal Seine Nord et la mise au gabarit européen (4400 tonnes) de la
liaison avec l’Escaut pourrait capter un tonnage considérable.
Le
choix de l’autoroute ferroviaire pour relier les ports de l’Europe du Nord à la
façade méditerranéenne apparaît à tous les spécialistes comme un choix pertinent
sur le plan environnemental, urbain et même économique.
Pourquoi ne pas consacrer les crédits de l’autoroute A 24 pour accélérer la mise en œuvre de ces solutions d’avenir ?
A l’heure des accords de Kyoto, de la prise de conscience de l’obligation de diminuer les gaz à effet de serre, les investissements publics en matière de transports publics doivent à présent servir un seul objectif : en finir avec le tout routier et rééquilibrer l’usage des modes de transports en faveur de la mer, de la voie d’eau et de la voie ferrée.
Voilà pourquoi je n’irai pas à Amiens ce jour (19/01/2006) Voilà pourquoi il est temps à présent de renoncer à l’A 24.
Le président de l'UDF du département du Nord se prononce contre l'A24. Il s'en est expliqué le lundi 23 janvier sur le plateau de FR3 dans l'émission vie publique à 18H45.
Contrairement aux autres élus, le maire de Saint André, dit NON à l'A24, pas seulement parce qu'elle menace sa commune. Il s'oppose ainsi fermement à M. Daubresse, maire de Lambersart, qui ne veut pas de l'A24 sur le tracé historique mais qui est pour l'autoroute du moment qu'elle passe par la RN58 en Belgique, c'est à dire en s'écartant de la circonscription dont il est le député et surtout de la bonne ville de Lambersart dont il est le maire.
Hervé Dizy (23/01/06)
extraits de l'intervention.
« Le débat sur l’A24 semble à présent se réduire à une guerre des tracés , les arguments avancés par les représentants des territoires concernés par l’un des 4 fuseaux peuvent se résumer par cette formule : chez moi, ce n’est pas possible, faisons plutôt passer l’autoroute chez mon voisin... ».
« Depuis avril 2003, le prix du baril de pétrole a augmenté de 250%. Il est passé de 25 dollars à plus de 60 dollars (…) Tous les économistes nous disent que ce n’est qu’un début et que le développement de la Chine (1,4 milliard d’habitants) et de l’Inde (1 milliard d’habitants), économies extrêmement dépendantes du pétrole, va accroître la flambée des prix, voire déboucher sur la pénurie. N’est-il pas temps d’anticiper et de préparer l’économie française et européenne à « l’après pétrole » ? Voilà pourquoi après réflexion, il faut reconnaître que l’autoroute A 24, ex A 1bis, projet réalisable compte tenu des recours potentiels au plus tôt en 2020, est en réalité un projet des années 70, devenu complètement obsolète : un projet consommateur de béton, de bitume et de gasoil pour un trafic oscillant entre 2500 et 10 000 véhicules par jour, et soulageant finalement ni le trafic de l’A 1, ni celui de la rocade Nord Ouest, a perdu tout son sens ».
«Il faut avoir le courage de renoncer à la facilité de la réponse immédiate, de faire un autre choix, et de nous projeter vers l’avenir : BGV (Bateaux à Grande Vitesse) ; canal Seine Nord ; autoroute ferroviaire (…) Pourquoi ne pas consacrer les crédits de l’autoroute A 24 pour accélérer la mise en œuvre de ces solutions d’avenir ? . A l’heure des accords de Kyoto, de la prise de conscience de l’obligation de diminuer les gaz à effet de serre, les investissements publics en matière de transports publics doivent à présent servir un seul objectif : en finir avec le tout routier et rééquilibrer l’usage des modes de transports en faveur de la mer, de la voie d’eau et de la voie ferrée ».
Olivier Henno (intervention du 19 janvier 2005)
------------Olivier Henno estime l'A24 « à contre sens ». – Le conseiller général, maire de Saint-André a réaffirmé son opposition totale à la construction de l’A24, qui cumule selon lui «les contresens». C'est sur le plan historique qu'il débute son explication du refus de l'A24: «En projet depuis les années 70, on l’aurait déjà faite si elle avait été réellement utile. »
Au niveau politique il explique: «Renoncer au transfert des marchandises de la route vers le rail et la voie d’eau remet en cause la viabilité même de la plate-forme de Dourges. »
Pour finir : «En matière de développement durable, on est dans l’ère du marketing, pas dans celle des décisions. »
"Tout est contresens, aussi
bien sur le plan énergétique, qu'environnemental, que stratégique, que de la
sécurité routière et bien
entendu démocratique…"
Concernant cette autoroute A24, ma conviction, qui s’est encore accrue depuis mes premières déclarations, c’est qu’elle va à contresens.
A contre-sens de l’histoire, d’abord.
L’A24 c’est un contresens historique. Ce n’est pas une solution d’avenir, ce n’est même plus une solution d’aujourd’hui, c’est un demi-tour vers le passé, vers l’époque de « la frénésie autoroutière », que je ne critique pas car alors, dans les années 60-70, c’était bien entendu une réponse au développement de la voiture particulière, et à l’essor industriel.
L’A24 est tout simplement anachronique : imaginée en 1970, ouverte en 2020 ! C’est une réponse du passé aux problématiques de demain.
La montée en puissance des modes routiers au détriment des autre modes et les prévisions d’augmentation de trafics dans tous les scénarios qui annoncent une aggravation de la congestion et un accroissement des nuisances et pollutions est un enjeu qui dépasse largement l’A24, qui ne concerne pas que notre métropole, mais toute la France et même toute l’Europe : au-delà de la diversité des situations nationales. En effet un même constat alarmant est effectué dans tous les pays de l’Union : celui d’un déséquilibre croissant, entre les avantages économiques et pratiques apportés par le camion, et les implications négatives, pour les générations actuelles et futures, du « tout en camion ». Cette tendance au fil de l’eau concerne non seulement l’Europe des 15, où le rail et !a voie d’eau ont déjà connu des régressions historiques, mais aussi les anciens pays du bloc de l’Est, où les traditions ferroviaires régressent au profit d’un rattrapage de l’équipement automobile des ménages et d’un accroissement de l’usage des poids lourds.
Un contre-sens politique
Réaliser l’A24, c’est renoncer au transfert des marchandises de la route au rail et à la voie d’eau, et à la viabilité de la plate-forme de Dourges. Le financement de l’A24, (1,5Milliard d’€) remet en cause le projet Seine Nord et le projet Modalohr de ferroutage pourtant indispensable à la montée en puissance de la plateforme de Dourges pour laquelle 300 millions d’euros ont été investis, qui exige un développement sans faille des capacités de ces dessertes ferroviaires et fluviales.
Comment ne pas dénoncer ce décalage entre les belles paroles sur le développement durable, le principe de précaution (inscrit dans la constitution), les Plan climat, les salamalèques lors des sommets mondiaux, en un mot le marketing environnemental du gouvernement, et cette décision de créer une liaison autoroutière dont on sait qu’elle ne servira quasiment exclusivement qu’au transit de poids lourds ?
Décider la réalisation de l’A24 avant celle du Canal Seine-Nord, c’est pire qu’un contre-sens, c’est le symbole d’une époque où la parole politique est totale déconnectée de l’action politique : la mode est au vert, alors on vend du béton et du pétrole emballé dans une jolie feuille de vigne !
Un contre-sens économique
Comme à chaque fois, c’est le chantage à l’emploi ! On nous dit : cette autoroute est indispensable pour le développement économique de la métropole.
Or il suffit de circuler sur l’A 1 un dimanche soir pour mesurer le trafic de transit de poids lourds étrangers : les cartes de la DATAR sont explicites : 40% du trafic de marchandise entre Lille et Paris est un trafic de transit de poids-lourds étrangers. Sur l’A22 entre Tourcoing et Lille 30% des camions sont étrangers et traversent la métropole sur l’axe Rotterdam-Paris.
L’A24 serait avant tout une autoroute de transit pour ces poids lourds étrangers, pas un outil de développement économique pour la métropole.
L’A 24 n’est pas une bonne réponse. Elle concentre les flux économiques vers la métropole. N’est-il pas plus pertinent de réaliser dès maintenant le doublement de la RN 2 : coût 500 M€ Coût A 24 : 1.5 Mds €
Un contre-sens énergétique
Malgré le lobby pétrolier, de nombreux pays ont commencé à développer des sources énergétiques alternatives, pour des raisons écologiques certes, mais aussi pour préparer l’économie de « l’après pétrole ».
Est-il utile de rappeler que le pétrole est une énergie fossile, et qu’entre les prévisions alarmistes de certains experts et les chiffres réconfortants fournis par les grandes compagnies pétrolières, existe quelque part entre les 2 une réalité qu’on doit commencer à intégrer : bien avant l’eau, c’est de pétrole qu’on va manquer.
La croissance de l’économie chinoise (1.4 Md d’habitants) et de l’économie indienne (1 Md d’habitants) repose principalement sur la consommation de pétrole.
A ce rythme, selon des experts sérieux, la panne sèche peut survenir en 2020, c’est à dire à peu de chose près lors de l’inauguration de l’A 24.
Un contre-sens environnemental
Une étude publiée dans le Lancet réalisée en France, en Suisse et en Autriche révèle qu’il y a au moins autant de morts précoces provoquées par la pollution atmosphérique que de tués sur la route dans chacun de ces pays. D’autres études toutes aussi sérieuses mettent directement en cause le réchauffement de la planète lié aux gaz à effet de serre dans la multiplication et l’aggravation de phénomènes climatiques tels que orages et pluies diluviennes, ouragans, mais aussi sécheresse... Il n’est plus besoin de démontrer la fonte des glaces et ses probables conséquences à moyen et long terme.
Non seulement on assiste à une surconsommation des énergies possibles et notamment le pétrole, mais plus grave le réchauffement de la planète risque d’entraîner des conséquences dramatiques pour nous même mais surtout pour nos enfants et petits enfants. Au moment même, où bon nombre de collectivités adoptent des agendas 21 pour s’inscrire dans un développement durable, il y a quelque chose de paradoxal à accepter la construction d’une nouvelle autoroute.
Un contre-sens stratégique
L’A 24 ne va pas soulager le trafic de la rocade Nord Ouest L’A 24 payante sera peu fréquentée (entre 2500 à 11 000 véhicules 1 jour) personne ne prenait et d’ailleurs personne n’aura le courage (dommage !) de faire payer un péage aux camions sur la rocade Nord Ouest.
En conséquence la rocade Nord Ouest gratuite continuera d’être préférée à l’A 24 payante.
Un contre-sens sur la sécurité routière
Il est dit que l’A24 devrait permettre de rendre l’A 1 plus sûre Les statistiques de la sécurité routière démontrent que les poids lourds sont en grande partie responsables des accidents de la route, et ont une lourde responsabilité dans la gravité des accidents. Les accidents impliquant un poids lourds sont 3 fois plus mortels que les autres. Avec l’élargissement européen, la France est traversée par des camions-épaves avec des chauffeurs mal payés, mal formés, dangereux pour la sécurité routière comme cela s’est déjà produit dans le tunnel du Mont Blanc, celui du Gothard en Suisse. Des entreprises avec des licences douteuses, qui ne se soumettent pas aux mêmes règles de sécurité que les entreprises françaises.
Fidèlement vôtre
Olivier HENNO