Nord Eclair 19/02/2004
Déplacements domicile-travail : les Nordistes plus mobiles que la moyenne
Une analyse de l'INSEE montre que 68 % des Nordistes ne travaillent pas dans la commune où ils résident. Un phénomène croissant qui voit parallèlement les « aires urbaines », constituées autour de l'emploi, s'agrandir sans cesse, et même fusionner, comme Douai et Lens.
A partir des données du dernier recensement, l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) de Lille vient d'effectuer un intéressant travail sur l'évolution des déplacements domicile travail dans le Nord - Pas-de-Calais.
On sait déjà que la
région est la plus dense de France, juste derrière l'Ile-de-Françe, bien sûr
: elle compte 322 habitants au km2.
Mais comme partout dans notre pays, cette population est inégalement répartie
sur le territoire. Et l'on constate que la localisation des habitants et celle
de l'emploi sont très liées. C'est ainsi que l'agglomération lilloise, où
sont dénombrés 433.000 emplois, connaît une densité très élevée : 1.173
habitants au km2. La zone Lens-Douai (154.000 emplois) atteint 808 habitants au
km2, Armentières 632, Béthune 585 et Valenciennes (115.000 emplois) 525
habitants au km2. Les statisticiens sont partis de la notion « d'aires urbaines
» : une zone géographique qui regroupe une ville « pôle » riche d'au
moins 5.000 emplois et dans les communes qui l'entourent et celles dont au moins
40 % de la population active travaille dans la ville « pôle ». Plus de la
moitié des quatre millions de Nordistes réside ainsi dans huit « aires
urbaines » : Lille, Douai-Lens, Valenciennes, Béthune, Arras, Armentières,
Merville, Hazebrouck et Bailleul, qui offrent ensemble deux emplois sur trois
dans la région et 670 habitants au km2. Par ailleurs, 91 % des habitants du
Nord - Pas-de-Calais se
concentrent dans les 21 « aires urbaines » existantes.
30.000 déplacements entre Lille et Douai-Lens
Sur une population active globale de 1,4 million de personnes, ils sont 923.000 à se déplacer hors de leur ville de résidence, soit 68 %, alors que la moyenne nationale est de 61 %. Et les distances domicile-travail représentent en moyenne 15 km, soit un peu plus long qu'au niveau national (14,5 km). Les déplacements se font pour 72 % au sein de la même « aire urbaine », 20 % d'une aire à l'autre. Seuls 8 % des actifs travaillent en dehors des « aires urbaines » régionales.
Le poids de la
métropole lilloise entretient des flux considérables avec les « aires
urbaines » contiguës : 12.000 actifs avec Armentières. 13.ÙOÙ avec
Valenciennes et Béthune, 30.000 avec Douai-Lens. Les déplacements vers Lille v
sont plus nombreux que dans l'autre sens. Mais les navettes domicile-travail
sont aussi importantes dans l'ex-bassin minier : de Douai-Lens, 9.000 actifs
s'échangent, dans l'un ou l'autre sens. avec Valenciennes, 17.000 actifs avec
Béthune, et 9.400 avec Arras.
En comparant l'évolution au cours des années 1990, l'INSEE constate que ces
déplacements augmentent de l'ordre de 16 % et que les « aires urbaines »
s'étendent. Jusqu'à fusionner : c'est le cas pour Douai et Lens, pour
Valenciennes et
Saint-Amand. Deux éléments entrent en ligne de compte : si la concentration
s'organise autour de l'emploi, les implantations économiques tiennent aussi
compte du réservoir de main d'œuvre des territoires et de la situation d'accès
route-rail, voire eau, des zones concernées. Et puis l'évolution du coût du
terrain dans les villes, et l'envie de résider dans des communes
périphériques plus verdoyantes, avec ta mode des lotissements, accompagnent
évidemment ce phénomène. En 1990,731 des 1.547 communes que compte la région
appartenaient à une « aire urbaine » en 1990. Dix ans plus tard, elles sont
855. tl faut également évoquer le phénomène frontalier. '« aire urbaine »
de Lille s'étend vers Menin, Mouscron et Tournai, par exemple. Le recensement
évaluait à 14.000 les Nordistes qui travaillaient en Belgique. La caisse
d'assurance maladie belge indique qu'ils seraient près de 20.000 aujourd'hui.
Des interactions existent aussi le long du littoral, et un cercle de 10000
actifs depuis Dunkerque ou Saint-bmer est relié au polygone des huit
principales « aires urbaines », dessiné entre Hazebrouck et Valenciennes,
Béthune et la Belgique, Arras et Tourcoing, sur ces données, une perspective
s'annonce : l'élargissement
de ce polygone progressivement à toute la région...
Un axe Lille-Douai-Lens
Un " polygone central "
qui s'étendLa carte ci-contre présente les flux domicile-travail entre les « aires urbaines », et l'on constate tout de suite l'importance du « polygone central » qui détient deux emplois sur trois dans la région, et attire donc des travailleurs venant d'autres secteurs. D'Hazebrouck et Béthune à l'ouest jusqu'à Valenciennes à l'est, d'Arras au sud jusqu'à Tourcoing et la Belgique au nord, ce polygone connaît des flux internes importants, notamment entre Douai-Lens et Lille (30.000 déplacements).
Mais ce polygone se rattache au littoral à travers les échanges entre Dunkerque, Saint-Omer et Lille. Entre Dunkerque et Lille, 2.700 actifs se déplacent pour travailler, par exemple. Sont reliés aussi par leurs échanges Maubeuge (près de 2.000 trajets avec Valenciennes) et Cambrai (2.800 avec Valenciennes et 1.400 avec Lens-Douai). La progression de ces échanges a atteint 50 % dans le Cambrésis. Saint-Omer a vu ses flux progresser de 25 % vers Litle et de 78 % vers Dunkerque... Cette progression et le développement des trajets à destination de la Belgique sont de nature à modifier encore le polygone. Jusqu'à ne plus avoir que des « aires urbaines » sur toute la région ?...