Débat du 15 janvier 2004 à Lille

J’ai demandé qui a eu l’idée de cette appellation LAALB, elle est fort mal venue.

J'ai critiqué la dénomination LAALB en disant qu’elle induisait un biais inacceptable dans le débat, qu’elle était insultante pour les Belges : on place une nation au même niveau que des villes. C’est même doublement insultant  puisque dans l’esprit la France décide d’un tracé Amiens Lille, il arrive jusqu’à la frontière et les belges n’ont plus qu’à tirer leur plan. Encore une fois les acquiescements de la tête des membres de la commission m’ont confirmé qu’ils pensaient la même chose. Gilbert Carrère en a convenu publiquement et a précisé que l’on pourrait certainement la changer. J’ai proposé d’en revenir à l’A24, d’autant plus que dans les débats on l’utilise abondamment. Gilbert Carrère a pris des rendez-vous avec les autorités Belges. Il est important a-t-il dit de contacter les décideurs belges et pas seulement ceux qui parlent le plus fort.

 M. Paul Astier a proposé qu’à l’avenir les documents préparatoires aux débats soient conçus de façon contradictoire. On pourrait alors commencer les débats dans de meilleures conditions. Paul Astier a rappelé son attachement aux dialogues avec la COPIT.

Les Verts ont refusé d’emblée le rapport du cabinet ISIS. Pourtant, bien qu’ISIS ne contredise pas fondamentalement les estimations de la DRE, ISIS affirme que le scénario volontariste C* de la DRE est très optimiste (pour ne pas dire irréaliste). Ainsi sur le tronçon de l’A24 entre l’A25 et l’A22 ce ne sont pas 11500 PL qui sont attendus en 2020 mais 9000. Nous en sommes actuellement à 30% de PL sur l’A22, on passerait à 56% en 2020 (la DRE prévoie 68%). Le tronçon d’A24 entre l’A25 et l’A22 est-il donc utile ? Le Cabinet ISIS n’en est pas convaincu. La croissance faible du PIB* ne permet pas de conclure à une forte augmentation du trafic routier. 

1) Scénario A = au fil de l’eau (on ne fait rien)

Scénario B = TIPP modérée faible augmentation du prix des transports (actuel)

Scénario C = TIPP sur le gazole pour les PL = TIPP pour les VL en 2020  + diminution de 10% du prix du fret SNCF (choix de la DRE)

Scénario D = extrème volontarisme , doublement prix essence, triplement prix gazole (hypothèse irréalisable qui sert à borner les études) 

ISIS annonce que le scénario C n’est pas réaliste car le prix du fret SNCF augmente et que l’offre commerciale de la SNCF en 2004 sera de 30% inférieure à celle de 2003. Les routiers n’accepteront jamais l’augmentation des prix du gazole. Le cabinet ISIS pense que le scénario B sera plus vraissemblablement celui du futur. 

2) l’une des hypothèses de 2,3% d’augmentation annuelle du PIB étudie par la DRE n’est pas réaliste, 1,9% est plus certainement une valeur déjà haute. Ceci permet de dire que l’augmentation du trafic routier de marchandises prévue par la DRE a été surestimée. Le cabinet ISIS pense même que 1,9% est une hypothèse haute. Dans ces conditions l’évolution du trafic de marchandises ne pourraient pas être aussi importante que prévue par la DRE.

Le consultant M. Rousseau a travaillé sur le PDU de Douai, il est Tournaisien, connaît bien les environs de la métropole. Les échanges entre Lille et Tournai sont limités. Le PDU de Douai préconise une liaison DOT, la LAALB n’a aucune influence sur le versant Est. La LAALB ne peut influer que sur la partie Ouest du Bassin Minier. Il indique que toute décharge de l’A1 sera automatiquement comblée par du trafic local. La DRE a surestimé l’augmentation du trafic international, or la LAALB est prévue pour ce trafic. Les péages seront dissuasifs (comme les Verts l’ont dit) pour les habitants de l’Ouest du bassin minier. Les N47 et N41 seront donc toujours principalement utilisées par les VL, la LAALB aura donc peu d’influence. La LAALB sert surtout à Amiens en fait. La LAALB doit elle aller jusqu’en Belgique ?

M. Paul Astier a annoncé hier soir que le PDU de Lille va s’étendre sur Tournai, Armentières, Comines Belgique de façon à le rendre plus pertinent. M. M P Daubresse va demander à Pierre Mauroy pour que l’emprise de l’A24 sur le sol de LMCU soit définitivement enlevée du SDAU et afin d'arriver à l'éliminer du schéma directeur national.

Un adjoint d'Armentières s'est élevé contre cette action de M P Daubresse, on n'a pas le droit de décider ainsi du tracé sans concertation selon lui.

 J’ai parlé au nom de la Ligue Contre la Violence Routière hier soir en fin de débat. J’ai commencé par citer les 28 milliards d’euros que coûte l’insécurité routière chaque année, si on considère une règle de proportionnalité La région N PdC y « contribue » pour environ 2 milliards d’Euros soit le coût estimé de l’A24. J’ai répété que si l’on avait sur les routes les mêmes exigences en terme de sécurité que la SNCF, zéro mort pour les voyageurs SNCF, on aurait aussi zéro mort sur les routes. Il faut donc intégrer le coût de la sécurité routière dans le projet A24, on arrivera au final à un coût moindre pour la société, moins de morts, moins de souffrance. On pourrait alors vraiment comparer les transports routier et ferroviaire. 

M Sevrain a fait remarquer que la DDE dans son dernier document n’a pas mentionné les carburants verts.  

M Roquette tient à rappeler qu’il a besoin de la route car la voie d’eau seule ne peut satisfaire son besoin de transport (13000 t / jour). Cela fait 12 péniches par jour , compte tenu de la lenteur (qui lui convient ajoute t il) il utiliserait toutes les péniches à disposition sur le canal dont le gabarit est insuffisant !!! 

Le Maire de la Gorde prêche pour un tracé plus à l’Ouest (vers Ypres) pour mieux desservir l’aéroport de Merville, l’entreprise Roquette.

Le préfet Carrère a réussi jusqu’ici à bien mener sa barque malgré les écueils que la DRE auraient dû lui éviter de rencontrer, il faut l’en féliciter ; il n’est donc pas question d’abandonner le navire, il faut se montrer solidaire avec Gilbert Carrère car il est important de pouvoir se référer à l’écrit qui résultera des débats. Nous écrivons l’histoire, ce débat préfigure ce qui devrait se passer à l’avenir. S’il est imparfait c’est qu’il est un des premiers du genre. Nous devons instaurer cette culture du débat et vaincre les difficultés. Il ne faut plus par exemple laisser le maître d’ouvrage concocter seul son dossier  et le tenir secret jusqu’au début des débats.

 

Notes :